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La légende de l’âne volant

Dernière mise à jour : 25 sept. 2019

Dernière mise à jour le 23/09/2019 par Florent

Quand on entend parler de Gonfaron, commune du var situé en région Provence-alpes-Cote d'azur, tout bon connaisseur pensent automatiquement à la légende de l’âne qui vole. À cette légende est même attribué « la fête de l’âne volant » en fin mars ou un âne en carton est bénie avant d’être emmenée vers le stade du village pour y être sacrifiée par le feu.




Cette légende comme bien d'autres connaît plusieurs formes, la plus connu date de 1645, dont voici un texte, inspiré du livre de Louis Baudoin : « histoire générale de la commune de Gonfaron des Origines au XXème siècle » édité en 1976.


« le village est surmonté par une chapelle portant le nom de son saint patron, saint Quinis. Jadis, la tradition voulait que les habitants se réunissent pour faire une procession vers la chapelle. Il était donc demandé aux habitants de nettoyer le devant des maisons et les ruelles par lesquelles passerait le cortège.

Or, en 1645, le jour de la saint Quinis un Gonfaronnais grincheux refusa, on ne sut jamais pourquoi, d'effectuer cette besogne de propreté et s'écria simplement : "Si saint Quinis trouve le passage trop sale, il n'aura qu'à sauter par dessus !". Selon certains témoins, il ajouta même quelques propos désobligeants. La municipalité fit procéder d'autorité au travail nécessaire. La fête eut lieu dans la joie et la bonne humeur, mais l'incident resta pourtant dans le mémoire des habitants...

Quelques temps après, le vieil homme revenant de la campagne sur son âne, descendait les pentes de la Carnaraute qui est la colline qui domine Gonfaron au nord. Or sa bête, énervée par les taons qui volaient autour d'elle, s'emballa soudain. A tel point que quittant son chemin, elle fit un vol plané au-dessus du ravin tandis que son piteux cavalier était projeté rudement sur le sol. Connue aussitôt, sa mésaventure fit la joie et la risée de tout le pays, et chacun de s'écrier : "C'est bien fait, saint Quinis l'a puni, son âne a volé ".



Il en est ainsi pour cette première jolie version. La deuxième que je vais vous présenté connaît une petite touche supplémentaire.

Aussi tiré d'un texte elle remonte cette fois d'un peu plus loin et comprend un peu d'histoire :


En 1524, la Provence : Grasse, Trans, Le Muy, Saint-Maximin etc..., est envahie par les troupes espagnoles de Charles Quint, sous la conduite de Fernando d'Avalos, marquis de Peyscayre, grand chambellan du royaume de Naples. Répandu sur tout le pays ils s'emparant et pillent même les îles de Lérins et les Iles d'Hyères, en route vers Marseille. La Provence est sur le pied de guerre et elle se défend si bien qu'elle oblige les envahisseurs à coups de mousquets, d'arquebuses et de canons, à se retirer en toute hâte et dans le plus grand désordre vers Menton, non sans être accompagnés par les quolibets des Provençaux, à l'adresse du marquis,criant sur son passage : "Oh pécaïre, oh peuchère !"

Après la bataille, le Roi René II revint dans ses états de Provence et s'installa dans son beau château du Tarascon, puis, il envoya son viguier faire un tour dans le pays pour mettre un peu d'ordre dans les affaires, après une telle victoire. Ce viguier état curieux et avait de l'instruction. Il avait appris qu'en Provence , il y avait un pays où les ânes volaient. On lui avait dit : "A Gonfaron, les ânes volent" et à Gonfaron, il exigea que l'on fit voler un âne. Les gens du village amenèrent sur la place publique un vieil âne qui n'était plus bon à rien, pensant que si celui-là disparaissait dans le ciel, on ne perdrait pas grand chose.

Ils se mirent en tête de le gonfler de leur respiration, en plantant un tuyau de roseau dans le trou, sauf votre respect, que tous les ânes ont sous la queue. Et tour à tour passèrent ces bravent gens, sous le regard attentif du viguier, chacun soufflant selon sa force, en bouchant bien vite avec la paume de la main, le trou du tuyau de peur que la bête ne se dégonfle. Tout le village s'exécuta et comme l'opération paraissait satisfaisante, on demanda au viguier de sceller l'exécution en soufflant à son tour. Indigné, il déclara que de trop vilaines bouches s'étaient posées sur ce tuyau et qu'il ne soufflerait pas. Mais tous se mirent à crier qu'il allait faire manquer le résultat d'un si beau travail et qu'en soufflant le dernier, il recueillerait tout le mérite de l'ascension. Il se vit donc obligé de mettre sa part de respiration dans le trou de l'âne ; mais comme il était très délicat et qu'il avait de l'éducation, il lui vint une bonne idée ; il retira le roseau, le retourna vivement, et l'ayant planté par l'autre bout dans le pertuis que vous savez, il put souffler plus proprement par l'orifice où personne, excepté l'âne n'avait mis sa bouche avant lui. Mais en retirant le roseau, le viguier avait dégonflé l'animal de tout le vent du village.

Il s'en alla raconter son aventure et sa déception au Roi René qui le consola en lui disant "Mon bon ami, tant que vous n'aurez pas pénétré l'âme de notre peuple, vous ne comprendrez jamais ce que représente une galéjade".

Source : "Conte du bon vieux temps" paru dans le Bulletin Municipal de Trans en Provence n° 3 de 1983



Cette même histoire trouve une adaptation dans un roman de François Canonici « L'enfant trouvé » sauf que cette fois l'action se déroule au dessus d'une falaise et que le dernier individu qui doit souffler, un nouveau commissaire ne souffle pas et met même fin à la tradition de faire voler des ânes au dessus des falaises.

Pour aller plus loin :

-liens externes :

Histoire de France_année 1524


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