Conte des monts d'Arrée

Florent
7 oct. 2019
3 min de lecture

Dernière mise à jour le 07/10/2019 par Florent

"C'est un cycle sans fin, aujourd'hui je me vois encore mourir"

J'ai fermé les yeux sur la dernière seconde d'une sombre année. Ce corps couvert de neige pourpre m'appartient t-il encore ? Que vois-je ? Une pensé si diffuse, hors du temps et pourtant si interprétable !

Sans m'en rendre compte j'ai continué à voir et ceux qui m’accompagnent on vécu d' horribles histoires ! Ils partent mais je revient encore.

Nous sommes en janvier, faute de repas je suis maigre et du froid seul un long tissu drapé de noir me protège.

Sans même me connaître ceux qui me voient savent ce qui les attends. Les yeux étincelant d'effrois luttant contre leurs destins ils crient aux désespoir avant le trépas.

J'ai mis du temps à comprendre ma direction, ceux qui n’ont plus rien, ceux qui ont perdu leurs corps montent dans la charrette qui m’accompagne. Sous la lune silencieuse, seule grince au dessus des monts d'Arrée mon navire des âmes.

Au delà des marais et des rivières, entre quelque recoins obscurs la course s’arrête. Ensemble ils touchent une terre neuve, invisible, vers cette direction, celle ou ils reposeront à jamais.

Ma main est crispé, sur l'autre rive un jeune garçon s’arrête un instant et regarde ce que je tient. C'est inattendu, totalement inattendu. Avec lui je prend conscience de ce que je tiens, fruit de ma propre légende, modifié mainte fois par les adeptes d'une divinité aux mille visage, me voilà munis d'une lame courbé tranchant vers l'extérieur, fixé sur un manche cuivré. Cette outil m'est familier, plus qu'un outil, une figure donné sans doute par Eochaid Ollathair lui même ! La voix de l'enfant et douce, spectrale, voilà que l'on s'adresse à moi, le premier après bien des milliers :

« Ankou... Oh faucheur, je n'ai pas vu ma sœur. » Fit il lentement avant de disparaître à son tour.

Jusqu’à maintenant j'agissais sans penser, guidé par une mission, un instinct primordial, ce jour là l'enfant avait éveillé à nouveau mes sens.

Immédiatement je retourne en arrière, embrase la région d'un seul coup d’œil, un âme est égaré. Suis-je assez fort pour la retrouver ? Ce monde me glace les os, mais cette âme me fait défaut.

écrit par florent. | ... |

Après une telle écriture libre adapté de la légende de l'Ankou, ce passeur des âmes et serviteur de la mort, penchons nous un peu sur sa légende !

gravure représentative des contes et légendes de Bretagne

Hérité de la mythologie celtique qui dispose de bien des histoires fascinante on retrouve l'Ankou qui selon certaine source est le dieux du recommencement des cycles vitaux, tel la naissance et la mort.

Il existe un écrivain du 19ième siècle, Anatole le Braz qui s'est attardé sur ces histoires, ainsi il compose un recueil « la légende de la mort » .

Véritable témoignage d’une tradition à la croisée des deux mondes. Anecdotes, contes, proverbes, dictons et intersignes se rejoignent au bal des ames pour annoncer la mort prochaine...

Ce personnage « psychopompe » qui collecte les âmes des défunts dans sa charrette et les conduit dans l’Autre Monde en passant par les Monts d’Arrée, ultimes rescapés du Massif armoricain et point culminant de la Bretagne, se retrouve figurant sur de nombreux calvaires et colonnes des églises bretonnes. Dont la chapelle du mont Saint-Michel de Brasparts qui serait aussi la gardienne des âmes des morts.

Aujourd'hui l'ankou est partit intégrante de le mythologie bretonne. On le décrit vêtu d’un grand manteau noir ou d’une cape, d’un chapeau à bords larges, avec une tête qui ne tient qu’à peine sur ses épaules décharnées. Son corps est bien fait de chair et d’os puisqu’il a été jadis l’un des nôtres ! Il prend le corps du dernier mort de l’année qui fera son office pendant un an et une nuit, tenant toujours dans sa main sa faux à la lame retournée pour renverser les trépassés.